Que faire de mon poids ?
Première lettre à ma meilleur amie... Nouveau format de message
Le thème du jour m'est inspiré par la demande d'une amie. Après avoir lu « Maigrir, la méthode sans régime » de Raffaele Morelli, elle me l'a prêté en me demandant quelle était, selon moi, la méthode à appliquer ? L'idée développée lui semblait pertinente mais le livre ne lui semblait pas explicite côté méthode (hormis son titre !).
Je l'ai donc lu avec intérêt et compris sa question...
Ce livre présente une approche différente de notre relation au poids et l'illustre via maints exemples. Intéressant de savoir que d'autres ont bénéficié de cette approche, mais comment l'adapter à mon cas personnel, comment me l'approprier ? Qui plus est les exemples sont en général « énormes », euh, je veux dire magiques, du genre perdre 15 à 20kg en 6 mois.
Pas question d'en rester là avec un colis de culpabilité en plus, du genre « je suis trop grosse (ou trop maigre), c'est de ma faute si je n'arrive pas à maigrir (ou à me remplumer) » ou « je ne suis même pas capable de comprendre »..., ce qui irait totalement à l'encontre de cette approche. Raffaele Morelli est médecin psychiatre, pas diététicien, il aborde peu le versant alimentation, et se concentre sur la relation que nous entretenons avec nous-même.
D'abord ce livre m'a fait pensé à « The only diet there is » de Sondra Ray, que j'ai eu la chance de découvrir il y a 20 ans. Un petit livre très pratique qui nous invite (simplement ?) à développer une relation d'amour envers soi-même, en résumé à nous aimer ! Pour traduire le titre « Le seul régime qui existe » et ce qu'il révèle « c'est le régime d'amour ».
NB : étrangement je ne le retrouve plus dans ma bibliothèque si fournie, serai-ce un de ces livres que j'ai prêté et qui a oublié de revenir ?
Ce nouveau livre m'a aussi rappelé que c'est un thème que j'ai exploré, avec passion, voici quelques années pour des raisons personnelles et familiales. A l'époque, les livres qui m'ont semblé pertinents étaient tous en anglais, non traduits.
Alors, chère amie, comment te décoder cette méthode pour qu'elle devienne accessible, sans avoir à t'identifier aux divers patients « schématiques » du Dr Morelli qui ont retrouvé leur poids de forme et leur enthousiasme avec sa méthode ?
D'abord, savoir et savoir et savoir que les régimes restrictifs font certes perdre du poids au moment de la privation, au moins la première fois qu'on les utilise. Et, à moyen ou long terme, ils contribuent à la prise de poids ! C'est le désormais célèbre effet yoyo (phénomène dont on parle de plus en plus, mais souvent pour vanter un nouveau régime infaillible)
NB : cela me rappelle une fois de plus que je vous ai promis un article sur le sujet du court/moyen/long terme. A venir...
Ces régimes pilotés (méthodes qui nous disent ce qu'on doit manger et ne pas manger), demandent de grands efforts de volonté. Cette énergie « volonté » est engagée contre nous-même. Ainsi, il s'agit d'une lutte contre nous et donc pas d'un objectif « SUPER » qui serait écologique, enthousiasmant, motivant... En effet, avec un régime dicté par l'extérieur, « je veux maigrir » (ou grossir, selon ma situation de départ, eh oui cela existe aussi et ce n'est pas plus agréable !), c'est à dire lutter contre mon corps qui me déplait. Je me combats !!!
Par le combat, je maltraite mon corps. Il se trouve du jour au lendemain privé. Il s'en souviendra... C'est pourquoi un régime n'est vraiment efficace que la première fois (selon nombre de témoignages, et peut-être le tien en prime). En effet, si quelques mois ou années plus tard, j'ai recours au même régime mon corps ne s'y laisse pas prendre (se souvient-il de ce qu'il a enduré?). Il fait face à la menace et contrecarre nos efforts.
Pour maigrir (ou prendre du poids) l'équation manger moins (ou plus) n'est assurément pas suffisante.
Ce n'est qu'un aspect de la question. Notre métabolisme ne se limite pas aux calories ingérées. Nous disposons, en interne, pas visible, de tout un système très élaboré pour gérer nos apports (nourriture, boissons, air...). Cette gestion ne se limite pas à l'ingestion, ni même à la digestion, il inclut aussi le stockage et l'évacuation. Ainsi, si je mange moins mais que mon corps, qui a déjà vécu des périodes de restriction, a peur de manquer, il se méfie et va stocker une partie de ce que je mange au lieu de l'évacuer. Il est capable de faire des réserves même en cours de régime hypocalorique. Résultat si j'évacue moins, je perds moins.
Notre corps est programmé pour cela depuis des centaines de milliers d'années. C'est un mécanisme essentiel à sa survie. A l'époque les magazines féminins n'existaient pas pour dicter notre image et nous culpabiliser...
J'ai depuis des années compris l'expression « Rien qu'en regardant la vitrine de la pâtisserie, je prends 1kg ». Je suis persuadée que c'est quasi-vrai, au moins en partie car notre esprit donne alors le pouvoir à notre principal ennemi : la culpabilité.
Je m'explique : Je culpabilise d'avoir envie d'un gâteau alors que je veux maigrir. Mon envie me mine et le combat s'intensifie. Je m'en veux terriblement, ne serait-ce que d'avoir eu l'idée de cette envie. Je me dénigre pour cela et mon corps sait instinctivement comment réagir. Si je le prive, il stockera davantage la prochaine fois. Si je cède c'est mon moral que je mine et au lieu du gâteau plaisir, le fait de m'en vouloir d'avoir rompu mon engagement « régime » m'entraine souvent à me goinfrer pour me punir de n'avoir pas su résister. Les possibilités sont multiples, à chacun(e) sa version. Ce qui est sûr c'est que tout ce qui est de l'ordre du combat ou de la dénigration me porte préjudice.
Ainsi la culpabilité est une des premières causes de surpoids. Je me punis de quelque chose que j'ai jugé comme étant mal. Je me punis et inconsciemment, je me protège aussi. Ainsi la prise de poids est un moyen de mettre de la distance entre moi et les autres.
Par exemple, le dégout de mon corps vise aussi à écarter les envies des hommes. Jean-Michel Cohen parle un peu dans « le roman des régimes », avant d'en revenir à la méthode qu'il préconise, faire régime ! Dommage. Ou en cas de sous-poids, je m'efface et gomme ma féminité. Là aussi les options sont multiples. A chacun(e) d'identifier éventuellement le bénéfice secondaire de ce poids perçu comme inapproprié. Oui, il y a toujours des bénéfices secondaires, des compensations, même si nous ne les avons pas identifiés. Peu importe (pas besoin de les connaître), je n'ai pas à me torturer pour chercher une raison de plus de culpabiliser. Je te rappelle que c'est contre-productif.
Selon moi, la culpabilité est le premier facteur de surpoids. Quelles qu'en soient ses raisons, elle est un engrais de notre culture judéo-chrétienne, notre levier éducatif. Ainsi les femmes, plus particulièrement, se sentent le devoir d'être responsable de leur famille, de leur conjoint, de leurs enfants, parents, de la bonne tenue du foyer, de leur apparence et depuis quelques décennies en prime de leur carrière... mais pas nécessairement d'elles-mêmes. Ainsi, leur énergie de vie s'investit en dehors d'elles-même !
Elles veulent réussir les missions qu'elles imaginent qu'on leur a confiées et s'y investissent à corps perdu !!! Contre elles-mêmes. Leurs désirs s'effacent au profit du devoir. Si ce devoir est une mission qui leur correspond, cela se déroule bien, au moins pendant un certain temps. Mais si la mission se transmute en sacrifice de soi, cela devient plus risqué. Ainsi je crois que certaines femmes qui se consacrent à des missions qui ne leur correspondent pas ou plus (que ce soit professionnel, amoureux, familial...) vont compenser en prenant du poids. Elles prennent de plus en plus de place, et deviennent plus visibles. C'est à dire que leur corps s'exprime à la place de leurs envies.
A défaut d'oser affirmer ma vraie nature, de contacter qui je suis vraiment, mon corps m'expose.
NB: ajustement en 2021, 8 années plus tard, il me semble que outre notre relation personnelle à l'alimentation, l'impact social est de plus en plus fort : la nourriture est partout, tout le temps, tentante et néfaste (telle une drogue). Le surpoids semble devenir la norme, et les maladies associées explosent, sans parler de la chute de notre immunité associée à ce déséquilibre physiologique.
Côté sous-poids, l'autre versant, la notion de sacrifice est sans doute aussi présente. Au lieu d'oser ma vie, je me rétracte sur moi-même, je me rétrécis en négligeant la personne que je suis vraiment. C'est un peu comme s'effacer, chercher à disparaître. Elles peuvent maigrir jusqu'à se mettre physiquement en danger. Cela peut-être psychologique (je me restreins) ou métabolique (mon corps évacue tout ce que j'ingurgite). A mon avis dans les deux cas, la légèreté est compensée par des pensées envahissantes qui les amènent à se centrer sur elles.
A l'inverse, les personnes en surpoids ont tendance à s'anesthésier avec la nourriture, à s'oublier et c'est leur corps qui impose la place qu'elles se doivent.
Bien sûr tout cela n'est que schématique et caricatural. Je te le propose car cela montre la complexité de notre fonctionnement et la multitude de ressources dont nous disposons consciemment pour piloter notre vie (ou en reprendre le pilotage) et inconsciemment pour nous tenir à l'écart de nous par peur de ne pas être aimé(e) pour qui nous sommes vraiment !
Alors en résumé, si je ne devais garder que 2 mots ce serait : Culpabilité et Amour.
Ou peur et amour si tu as déjà évacué le poids de la culpabilité.
La peur existera toujours. Elle est propre à notre nature animale et nous est utile : enfin parfois. Mais nous avons le choix de piloter notre vie à partir de nos peurs ou de nos envies...
Aie, jusque-là je n'ai pas encore livré de méthode pour accéder à soi ? Juste un éclairage pour mieux se comprendre. Pour identifier les mécanismes qui ont pu se mettre en place, malgré nous ou plutôt avec notre complicité inconsciente et la sagesse innée de notre métabolisme, pour bien faire, ou plus simplement pour être aimé(e).
Alors le scoop, la clé, le Sésame, c'est : m'aimer !
Voici le premier point, qui va peut-être à l'encontre de ce que l'on nous a enseigné. Ne nous a-t-on pas demandé, en priorité, de faire plaisir aux autres (de faire plaisir à maman en mangeant, de nous calmer au lieu de pleurer en nous donnant une tétine ou un bonbon, de nous occuper des autres en premier lieu au lieu de répondre à nos besoins...) ?
Parfois au nom de l'injonction « ne soit donc pas égoïste ». Un aparté de poids à ce sujet : « c'est celui qui dit qui est » ! Cette phrase enfantine me semble des plus pertinentes. Celui qui nous reproche notre égoïsme ne nous demande-t-il pas de penser à ses besoins plutôt qu'aux nôtres... cela s'appelle comment ?
Le message culturel délivré par les chrétiens n'a-t-il pas été déformé ?
En effet, le diktat du « Aime ton prochain » ne prend-t-il pas sa source dans la phrase biblique « Aime ton prochain, comme toi-même » ?
Si cette phrase est à prendre en considération, elle n'a donc de sens que si, en premier lieu et avant toute autre chose : je m'aime !
Si je me dénigre, si je ne réponds pas à mes besoins, si je méprise ma propre personne, que je ne me fais pas confiance... si je ne développe pas mes propres ressources d'amour, de confiance, de respect, si je ne suis pas responsable de ma vie... comment puis-je offrir ces qualités aux autres ?
C'est comme un pauvre qui voudrait distribuer son argent aux autres par révolte contre les inégalités alors qu'il n'a pas d'argent car il méprise la valeur argent.
Si je méprise l'amour de moi, je n'ai rien à offrir aux autres...
STOP ! Ceci n'est pas une cause de plus d'auto-culpabilisation.
Juste une opportunité de prendre contact avec moi... de devenir enfin ma meilleure amie !
J'en arrive à l'objet de ce nouveau style de messages : devenir ma meilleure amie !
Pour éviter de l'alourdir ce message, je te réserve la suite en 2ème partie, qui abordera un peu plus concrètement la question du poids. Comment accéder à mon poids de forme ? 2/2
Pour l'heure, je t'invite à prendre soin de toi, à t'offrir au moins autant d'amour que tu aimerais que les autres t'en offrent, ou que tu as l'impression d'offrir aux autres.
Cela se joue uniquement entre toi et toi : ta meilleure amie ! (ou ton meilleur ami pour les hommes !).
Loin d'être de l'égoïsme, c'est la voie d'accès à une magnifique générosité.
Je ne peux donner que ce que j'ai ! En premier lieu, il est donc essentiel de développer ce que j'ai à ma disposition : je m'aime.
A moi d'explorer dans les jours à venir ce qui me permet d'aller à la rencontre de moi-même. Cela se cache souvent dans ma part enfantine, étouffée depuis si longtemps, parfois depuis ma toute petite enfance. Quoiqu'il en soit, aussi enfouie soit-elle je t'assure qu'elle existe encore.
Bonne exploration et beaucoup de douceur pour toi.
Ose repérer la culpabilité et la laisser sur le bord du chemin.
Attention : si tu décides de la combattre tu ne feras que la renforcer.
Pour t'aider dans cette démarche je te propose de consulter ce texte de Pierre Pradervand (lien).
en chemin vers + d'Amour et de douceur
De tout coeur avec vous : pour oser ma vie, en conscience
BoB